
L’énergie solaire est souvent présentée comme une solution incontournable pour sortir des énergies fossiles. Pourtant, derrière l’image « verte » des panneaux photovoltaïques, une réalité moins reluisante persiste : leurs composants incluent encore des plastiques polluants, issus du pétrole, utilisés comme filtres UV protecteurs.
Une étude finlandaise publiée en 2025 ouvre une piste étonnante : remplacer ces matériaux par… de l’extrait d’oignon rouge, associé à la nanocellulose. Un pari audacieux qui pourrait transformer les panneaux solaires en véritables modèles de durabilité.
Les limites cachées de l’énergie solaire
Des panneaux pas si écologiques qu’ils en ont l’air
Malgré leur rôle majeur dans la transition énergétique, les panneaux solaires présentent un paradoxe. Conçus pour produire de l’électricité sans émissions directes, ils reposent néanmoins sur des couches de protection fabriquées à partir de plastiques dérivés du pétrole, comme le fluorure de polyvinyle (PVF) ou le polyéthylène téréphtalate (PET). Ces matériaux assurent la résistance aux rayons ultraviolets, mais génèrent pollution et déchets persistants en fin de vie.
En d’autres termes, même si l’électricité produite est renouvelable, la fabrication et le recyclage de ces panneaux continuent de poser des problèmes environnementaux.
Pourquoi remplacer les filtres UV est un défi
Un filtre destiné aux cellules photovoltaïques doit remplir deux conditions contradictoires :
- bloquer efficacement les rayons ultraviolets qui dégradent les composants ;
- laisser passer au maximum la lumière visible et proche infrarouge (650 à 1 100 nanomètres), indispensable pour la production d’électricité.
Jusqu’ici, seuls les plastiques pétro-sourcés réussissaient ce compromis avec une efficacité durable. Mais la recherche s’active pour trouver des alternatives biosourcées.
L’oignon rouge, un candidat inattendu
La nanocellulose comme base écologique
L’équipe de l’Université de Turku (Finlande) a d’abord choisi la nanocellulose, un polymère naturel issu des plantes ou de certaines bactéries. Abondante, légère, solide, transparente et biodégradable, elle constitue une excellente matrice pour concevoir des films protecteurs écologiques. La nanocellulose est déjà utilisée dans des emballages, cosmétiques, dispositifs médicaux ou même des batteries.
L’extrait d’oignon rouge : un filtre UV exceptionnel
Pour renforcer ces films, les chercheurs ont testé plusieurs composants naturels :
- la lignine, un sous-produit du bois,
- les ions de fer, connus pour absorber les UV,
- et enfin, l’extrait d’oignon rouge, riche en pigments naturels.
Les résultats ont surpris : l’oignon rouge offre une protection UV de 99,9 %, surpassant même les filtres en PET traditionnels. Et surtout, il maintient cette performance dans la durée.
Des performances prometteuses confirmées
Transmission lumineuse et stabilité
Un bon filtre ne doit pas seulement bloquer les UV : il doit laisser passer la lumière utile. L’extrait d’oignon rouge associé à la nanocellulose permet une transmission lumineuse de 80 % entre 650 et 1 100 nanomètres, soit la plage optimale pour la conversion photovoltaïque.
En outre, lors de tests d’exposition équivalant à 1 000 heures (environ une année d’ensoleillement), le film a conservé ses qualités. Cette stabilité constitue un atout majeur, car d’autres solutions naturelles testées auparavant (comme les ions de fer) perdaient rapidement en efficacité.
Comparaison avec les plastiques classiques
- Plastiques PVF/PET : efficacité durable mais polluants et non biodégradables.
- Filtres aux ions de fer : prometteurs mais instables dans le temps.
- Extrait d’oignon rouge + nanocellulose : efficace, stable, biosourcé et biodégradable.
Cette combinaison coche donc toutes les cases nécessaires à une application industrielle.
Vers des panneaux solaires vraiment durables ?
Un symbole fort pour la transition énergétique
L’innovation finlandaise illustre un tournant : utiliser des matériaux naturels pour rendre durable une technologie déjà perçue comme écologique. Si cette approche est validée à grande échelle, elle permettrait de réduire l’empreinte carbone globale des panneaux solaires, en supprimant une part importante des plastiques issus du pétrole.
Les défis encore à relever
Bien que les résultats soient encourageants, plusieurs étapes restent nécessaires :
- Vérifier la durabilité à long terme : les tests devront couvrir plusieurs années d’exposition réelle.
- Étudier le coût de production : la filière devra prouver que cette alternative est économiquement compétitive.
- Assurer une production à grande échelle : transformer des pigments d’oignon rouge en matériau industriel exige une logistique fiable.
Ces questions détermineront si l’innovation restera un concept de laboratoire ou deviendra une solution concrète.
Une leçon plus large : la nature comme alliée
Quand la biodiversité inspire la technologie
L’exemple de l’oignon rouge rappelle que les solutions aux défis énergétiques peuvent se trouver dans la nature. Les pigments végétaux, déjà connus pour leurs propriétés antioxydantes ou colorantes, révèlent ici un rôle inédit : protéger des cellules photovoltaïques.
Ce mouvement s’inscrit dans une tendance plus large de la chimie verte, qui consiste à s’inspirer des écosystèmes pour concevoir des technologies propres et durables.
Un message d’optimisme
Alors que la lutte contre le réchauffement climatique nécessite des efforts colossaux, ces découvertes offrent un message positif : nous pouvons améliorer nos technologies non pas en les complexifiant toujours plus, mais en apprenant à utiliser intelligemment ce que la nature met à notre disposition.
En bref
Et si, demain, nos panneaux solaires reposaient sur des films de nanocellulose enrichis en pigments d’oignon rouge, au lieu de plastiques pétro-sourcés ?
Cette idée, qui semblait farfelue, démontre en réalité un potentiel immense. Elle ouvre la voie à une énergie solaire plus propre, plus cohérente avec l’objectif de durabilité, et peut-être bientôt, 100 % naturelle.
L’oignon rouge, allié inattendu de la transition énergétique, pourrait bien colorer de façon durable l’avenir du photovoltaïque.
Ces articles peuvent également vous intéresser

Témoignages & récits
« Le tritium vaut 33 millions le kilo » : les déchets nucléaires en passe de devenir de l'or énergétique
Un physicien propose de produire du tritium à partir de déchets nucléaires, réduisant les coûts et ouvrant la voie à une énergie de fusion propre.

Témoignages & récits
« J’ai éteint cet appareil tous les jours à cette heure précise » : ce geste simple qui fait économiser 2,4 gigawatts d’électricité
Éteindre son chauffe-eau entre midi et 14h permet de réduire sa facture d’électricité et d’économiser l’équivalent de 2,4 gigawatts, selon Enedis. Découvrez cette méthode simple et d’autres astuces efficaces pour alléger vos dépenses d’énergie.

Supports pour enfants
Cet aliment transformé est une catastrophe pour les enfants : comment le bannir définitivement ?
Ils séduisent les enfants, rassurent les parents… mais empoisonnent les assiettes. Ces aliments industriels cachent un véritable danger. Voici comment les repérer et s’en débarrasser pour de bon.