
L’été 2025 aura marqué un tournant. Selon le service européen Copernicus (CAMS), les incendies sur l’ensemble UE + Royaume-Uni ont déjà relâché 12,9 mégatonnes de carbone (Mt C) au 15 septembre, un record sur 23 ans de mesures (précédents pics : 11,4 Mt C en 2003 et 2017). Une large part de ces émissions provient de la péninsule Ibérique, frappée par des feux d’une intensité exceptionnelle à la mi-août.
Où et pourquoi a-t-on battu des records ?
La péninsule Ibérique, épicentre du basculement
- Espagne : cap sur un été le plus chaud jamais enregistré et une saison d’incendies parmi les pires des dernières décennies ; plusieurs centaines de milliers d’hectares ont brûlé, avec des mégafeux historiques en Galice (Larouco/Ourense).
- Portugal : contribution majeure aux émissions européennes d’août, aux côtés de l’Espagne, selon Copernicus.
- Autres régions touchées : Grèce, Turquie, Balkans ont connu des épisodes marqués, dans un contexte de vagues de chaleur et de sécheresse récurrentes.
Chaleur extrême, sécheresse et vent : les ingrédients du risque
Les conditions météo-climatiques (chaleurs record, sols asséchés, épisodes venteux) ont renforcé l’inflammabilité des paysages. Le lien avec le changement climatique – qui accroît la probabilité et l’intensité des journées à risque – est désormais établi par de multiples analyses et retours d’expérience sur l’Ibérie.
Un signal continental
Au 16 septembre, le JRC/EFFIS (Commission européenne) recensait 1,00 million d’hectares brûlés dans l’UE depuis le début de l’année — un ordre de grandeur bien supérieur à 2024 à la même époque — et ~40 Mt CO₂ émis (NB : CO₂ n’est pas directement comparable au « carbone » de CAMS, mais les deux indicateurs pointent la même intensification).
Que nous disent précisément les chiffres de Copernicus ?
12,9 Mt C : un record en cours d’année
- Période : estimation arrêtée mi-septembre 2025 (saison des feux encore active).
- Comparaison : dépassement des anciens records de 2003 et 2017 (11,4 Mt C).
- Contribution régionale : Espagne + Portugal ≈ ¾ du total européen sur l’épisode d’août.
Source : Atmosphere Copernicus+1
Une dynamique estivale fulgurante
Copernicus souligne un renversement brutal : émissions « sous la moyenne » jusqu’à début août, puis envol en une semaine à la faveur des mégafeux ibériques.
Des records nationaux intermédiaires
Le Royaume-Uni a, de son côté, atteint son plus haut niveau annuel d’émissions d’incendies depuis le début des données CAMS, porté par de violents feux au début de l’été en Écosse.
Impacts : au-delà du carbone, une qualité de l’air dégradée
Panaches transatlantiques et poussières sahariennes
Les panaches de fumée des feux canadiens et ibériques ont affecté la qualité de l’air en Europe début août ; l’été 2025 a aussi été jalonné d’épisodes inhabituels de poussières sahariennes, compliquant la gestion de l’ozone.
Pics d’ozone estival
Les les vagues de chaleur ont favorisé des dépassements réguliers des seuils d’ozone sur une large partie du continent, avec des conséquences sanitaires (irritations, asthme, risques cardio-respiratoires).
Pression sur les territoires
En Espagne, les incendies ont causé des morts, des évacuations massives et endommagé des écosystèmes vulnérables ( forêts méditerranéennes, zones agricoles), avec des feux parfois hors échelle.
Comment mieux se préparer ? Pistes d’action à court et moyen terme
Renforcer la prévention locale
- Gestion du combustible : débroussaillement, mosaïques d’habitats, pare-feux autour des hameaux ;
- Aménagement : limiter l’urbanisation diffuse en zone à risque, sécuriser les accès pompiers, désenclaver les villages ;
- Alerte/évacuation : systèmes d’alerte multi-canaux et plans communaux de sauvegarde.
Adapter les moyens opérationnels
- Capacités aériennes et interopérabilité européenne en période de pics (mécanisme RescEU) ;
- Fenêtres d’intervention : doctrines adaptées aux feux extrêmes (attaque précoce + tactiques de repli) ;
- Formation aux phénomènes dynamiques (feux de cimes, sauts de feu, orages secs).
Agir sur les causes structurelles
- Climat : réduction des émissions de GES pour limiter l’augmentation de la fréquence/intensité des conditions météorologiques propices aux feux ;
- Paysages : revitaliser les territoires ruraux (pastoralisme, sylviculture durable) pour réduire la continuité du combustible ;
- Information : campagnes ciblées dans les régions les plus exposées (Ibérie, Balkans, Méditerranée orientale).
Notes explicatives
« Pourquoi Copernicus parle de “carbone” et le JRC de “CO₂” ? »
CAMS publie des émissions de carbone (C) dérivées de la puissance radiative du feu (GFAS). Le JRC/EFFIS communique souvent en CO₂. Les deux indicateurs ne s’additionnent pas directement mais convergent sur le diagnostic : année record en Europe.
« Les feux vont-ils empirer ? »
Le réchauffement accroît la probabilité de conditions propices (sécheresses, canicules, vents), surtout en Méditerranée. Sans adaptation et réduction des GES, la fréquence des saisons extrêmes augmentera.
2025, année charnière
Le record de 12,9 Mt C d’émissions liées aux feux en Europe marque une ligne rouge : le continent entre dans une ère où pics de chaleur, sécheresses et mégafeux peuvent, en quelques jours, faire basculer le bilan annuel. L’Ibérie a servi de révélateur ; la réponse devra conjuguer prévention territoriale, moyens opérationnels et action climatique. À défaut, 2025 ne sera qu’un avant-goût des saisons à venir.
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